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Le Beau Tambour

Le petit Chat Peureux Roux

          Il y a longtemps dans les alentours du village Marécage, vivait un loup que nul n’arrivait à mettre en cage. Ce monstre souvent affamé, rôdait et chassait les malheureux passants infortunés. La peur était devenue telle dans le cœur des animaux, que nul n’osait sortir de tout le hameau. Fut alors un jeune chat ingénu que la peur n’affecta pas, pour cueillir des fleurs dans la forêt il s’engouffra, le loup impitoyable flairant ses pas. Des deux il ne resta aucune trace, le chat disparut et du loup personne ne revit jamais la face.

          Cette histoire est vieille et révolue, le village sortit du sommeil, les habitant dans la rue. Mais du loup et du chat que reste-t-il ? Était-ce simple légende infantile ? La vérité est ailleurs, elle est née de l’erreur et de la peur. Le loup n’étant pas si méchant et le meurtre n’était pas un de ses penchants, il ne chassait que pour manger, jusqu’à devenir trop âgé. De grand danger les habitants exagéraient, il n’y voyait pas grand-chose et il était facile de le semer. Il vivait pour lui jusqu’à se lasser de sa solitude et par le miracle d’internet rencontra une louve du sud. Ils s’aimèrent et eurent un louveteau, mais ne voulant être mère, dans les bras d’un loup plus jeune elle disparut aussitôt. S’il voyait mal, l’amour lui avait ôté la vue, il était seul avec son fils quand un petit chat peureux roux apparut.

          Lecteur averti se méfie toujours, le pelage ne fait pas le vautour. Un chat guidé par la survie et la peur, peut se montrer plus impitoyable qu’un loup miséreux enclin à l’erreur. A la vue du loup le chat dut réagir, de son inaction il pouvait périr, il vit le louveteau endormi que jamais le père ne put vraiment voir, le peignit en blanc et sur les oreilles lui colla de longues feuilles blanches pour tromper son savoir. La faible vue du loup se posa sur son fils, qui pour lui se transforma en gibier par l’action du chat et de son vice. A côté, le chat paraissait bien plus loup que lui, la confusion fut là et le repas fut servi.

          Depuis ce jour le chat, perdu, ne pouvant rentrer au village, était resté avec le loup malgré son rouge pelage. Le loup ne s’inquiéta pas de tel détail et l’éleva en fils malgré sa taille, à chasser, à survivre et à hurler il lui enseigna. Le chat s’habitua et en père il finit par accueillir le loup, un lien fort se créa. L’instinct du chat avait trompé le loup, mais son cœur devint malgré tout chat-garou.

Les années passèrent, la vue du loup disparut. Le chat trouva quoi faire, une idée lui parut… Des lunettes ! Pour qu’enfin son père le vit lui faire fête ! Ni une ni deux, le chat s’exécuta, et son cadeau il lui donna. Le loup les porta et pour la première fois scruta le ciel, les nuages, les arbres… Il était ému et voulut enfin voir son enfant, mais quand ses yeux se posèrent sur lui il resta de marbre. Le loup comprit. Son instinct canin se réveilla, sa mémoire le secoua. Le chat comprit. Son instinct félin s’alarma, son envie de vivre le contrôla.

          Tout en pleurant de perdre son père, le chat s’engouffra à vive allure dans la forêt où depuis il erre. Tout en pleurant de perdre ses fils, le loup, désespéré, mitigé entre amour et haine, tomba seul, à genoux, les larmes qui glissent. Le chat comprit que si l’amour était aveugle, c’était parfois pour le meilleur. On a beau y faire, des années d’amour paternel ne peuvent chasser le naturel…

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